Dans cet entretien accordé à Moyaguinee.com , Ibrahima Ténemba Kourouma, jeune leader politique, critique l’âge minimal de 40 ans fixé pour la présidentielle dans le projet de nouvelle Constitution. Selon lui, cette disposition marginalise la jeunesse guinéenne et freine le renouvellement politique.
Moyaguinee.com : Monsieur Kourouma, bonsoir.
Ibrahima Ténemba Kourouma : Bonsoir.
Moyaguinee.com : Vous êtes un jeune leader avec des ambitions politiques en Guinée. Bien que le projet de nouvelle Constitution autorise les candidatures indépendantes, son article 45 fixe l’âge minimum à 40 ans et le maximum à 80 ans, ce qui exclut une grande partie de la jeunesse. Quelle est votre lecture de cette disposition ?
Ibrahima Ténemba Kourouma : Cette exclusion est inacceptable pour nous et pour l’ensemble de la jeunesse guinéenne. Elle fait perdre à cette Constitution trois fondements essentiels : historique, légitime et logique.
Historiquement, le premier président guinéen a accédé au pouvoir à 36 ans. Cela prouvait déjà que la jeunesse pouvait diriger ce pays.
Sur le plan de la légitimité, lors du dialogue, nous avions obtenu un consensus autour de 35 ans comme âge minimal. Mais le CNRD a écarté cette option pour fixer 40 ans, ce qui exclut totalement la jeunesse.
Enfin, logiquement, la Guinée est dans une phase de renouvellement politique. Il fallait donc donner une chance à la jeunesse de participer pleinement, pas l’écarter.
Moyaguinee.com : On note cependant qu’à l’Assemblée nationale, l’âge minimal pour être élu est fixé à 21 ans. Est-ce suffisant pour la jeunesse, qui représente près de 70 % de la population ?
Ibrahima Ténemba Kourouma : Le Parlement est important, mais c’est à la magistrature suprême que se décide le destin du pays. Fixer l’âge à 35 ans aurait encouragé les jeunes à nourrir des ambitions, même si ce n’est pas forcément un candidat de 35 ans qui devait s’imposer. En excluant la jeunesse de la présidentielle, on pousse les jeunes vers le découragement et la résignation. Résultat : beaucoup se réfugient dans le blogging, la musique ou la danse, au lieu de s’investir politiquement. Cela fragilise l’avenir de notre pays.
Moyaguinee.com : En cas d’adoption de cette Constitution, êtes-vous prêt à initier une pétition contre l’article 45, comme le permet l’article 20 du texte ?
Ibrahima Ténemba Kourouma : Oui. Nous avons déjà cette réflexion. Pour le moment, nous nous concentrons sur la campagne, mais si la Constitution est adoptée, nous lancerons une pétition et toutes les démarches nécessaires pour contester l’article 45 qui exclut définitivement la jeunesse de la quête du pouvoir.
Moyaguinee.com : Souhaitez-vous ajouter un dernier mot ?
Ibrahima Ténemba Kourouma : Oui. Je tiens à dire que la campagne référendaire a perdu son sens. Elle devrait être un moment d’explication et de vulgarisation des fondements de la Constitution. Malheureusement, elle se transforme en un spectacle de danse et de chants. C’est une grande désolation.
Entretien réalisé par Abdoulaye Camara
