La dégradation actuelle sur le pont de sambayah (coyah) ne vient ni de sa réalisation, ni systématiquement des engins miniers qui y passent.

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Par Balla Moussa Konaté, ingénieur des ponts et chaussées.

Nos routes nationales en général (avec l’indicatif RN), surtout les principaux axes de celles-ci constituent de nos jours les seuls nerfs du secteur des transports des hommes et de leurs biens entre Conakry et les principales localités de notre pays. C’est pourquoi la nouvelle de la dégradation du pont sur la nationale n ⁰ 3 à Sambayah (Coyah) a laissé place à plusieurs commentaires dont les plus excessifs contre elle.

De ce qui précède, mon avis a été sollicité par plusieurs personnes et par certains médias de notre pays. Après ma visite du terrain hier dimanche 1er septembre 2024, je livre ce qui suit :

    ☆ La dégradation sur ce pont est limitée sur une partie de la dalle de compression. Elle ne serait pas alarmante, si elle avait été traitée à sa phase précoce quelques mois avant ;

    ☆ Aucun défaut structurel originel lié à la conception, ni à la construction de cet ouvrage n’explique la défectuosité apparue. Si c’était le cas, lors de la réalisation de l’actuelle route, un test de résistance aurait ordonné sa démolition et son remplacement par un autre ouvrage plus solide à sa place ;

     ☆ Les passages répétés ni des engins miniers, ni de la plupart d’autres engins lourds neufs et réglementaires ne sont les causes réelles de cette dégradation. Si c’était le cas, ce pont de 20 ans d’âge serait endommagé depuis longtemps.

QU’EST CE QUI EXPLIQUE DONC CETTE DÉFAILLANCE ACTUELLE SUR LE PONT DE SAMBAYAH À COYAH ?

Cette question m’amène avant tout à donner un bref détail sur ce type de pont entièrement en béton armé.

En effet, le pont de Sambaya est essentiellement constitué de trois parties :

     – Ses fondations : matérialisées par trois semelles n’ont aucun signe d’instabilité ;

    – Ses élévations (appuis) : composées de deux culées et d’une pile centrale sont intactes ;

    – Son tablier est composé de quatre poutres longitudinales et parallèles sur chacune de ces deux travées. L’écartement axial entre celles-ci est de 2,15 m, avec une épaisseur de 0.3 m et une hauteur à nu de 0.8 m pour chaque poutre. Elles sont toutes solides et droites.

    –  C’est sur ces poutres qu’une dalle discontinue de compression d’épaisseur globale de 0,30 m repose et qui a pour objet de permettre le passage des véhicules et les piétons. C’est une partie de cette dalle de roulement, côté Forécariah qui a été atteinte.

COMMENT EST CE QU’ON EST ARRIVÉ LÀ ET QUEL EST LE DEGRÉ DE CETTE DÉGRADATION À CE JOUR ?

À mon avis, la cause quasi certaine de ce mal serait le stationnement d’un poids lourd à cet endroit précis pour des raisons de pannes qui auraient nécessité l’utilisation d’un cric vers la zone axiale de la dalle de ce pont, côté Forécariah. En déchargeant des dizaines de tonnes provenant du camion à travers une surface de la plaque d’assise d’environ 15 cm × 15 cm de cet outil sur cette partie de la dalle de compression de ce pont. C’est en bas de cette partie de la dalle que l’effet négatif apparaît le plus. On appelle techniquement cette contrainte, le poinçonnement.

À la surface de la dalle, au départ, on a dû voir un petit trou qui a grossis au fur et à mesure de Passage des autres engins lourds, jusqu’à la rupture.

A ce stade, cette dégradation n’entame nullement la stabilité structurelle ni des appuis, ni des poutres sur lesquelles cette dalle repose, grâce à coup sûr à l’intervention rapide et efficace du service en charge de remettre cet ouvrage en bon état de fonctionnement. Pour cette atteinte, techniquement parlant, plusieurs gammes de remèdes appropriés existent.

Cependant la solution préventive contre la dégradation précoce de nos infrastructures routières demeure à la fois dans la bonne conception, la bonne exécution, l’entretien rationnelle et aussi dans l’application constante et efficiente de notre loi protection du patrimoine routier.

Ensemble, débout pour un secteur routier performant en Guinée.

(Par Balla Moussa Konaté, ingénieur des ponts et chaussées)

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