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Madabio à la tête de la CEDEAO : entre espoirs d’intégration et défis sécuritaires majeurs

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La nomination du président sierra-léonais Julius Maada Bio à la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suscite de nombreuses réactions. Dans un entretien accordé à notre rédaction moyaguinee.com, l’analyste politique Ibrahima M’bemba BAH revient sur cette désignation inattendue, les défis qui attendent le nouveau dirigeant, et les espoirs d’une relance du dialogue entre la CEDEAO et l’Alliance des États du Sahel (AES).

Alors que le Sénégalais Yuma Fayo était pressenti pour prendre les rênes de l’organisation régionale, c’est finalement Madabio qui a été choisi. Un choix jugé surprenant par Ibrahima M’bemba BAH: « C’est la première fois que deux présidents issus de pays anglophones se succèdent à la tête de la CEDEAO, alors qu’une alternance linguistique entre francophones et anglophones était jusqu’ici la norme. »

Pour l’analyste, ce choix s’explique par l’expérience de Madabio, « un président en fonction depuis plusieurs années, qui connaît les chefs d’État de la région et les grands dossiers de l’heure, contrairement à Yuma Fayo, fraîchement élu. » L’ancien militaire sierra-léonais apparaît ainsi comme un homme de la situation, face à une sous-région secouée par l’insécurité et l’instabilité politique.

Le nouveau président de la CEDEAO devra faire face à des défis multiples : terrorisme, instabilité politique, atteintes aux droits humains. « Les attaques djihadistes gagnent du terrain, de l’AES jusqu’au golfe de Guinée. Même des pays traditionnellement stables comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire sont aujourd’hui menacés », rappelle Ibrahima M’bemba BAH Mais au-delà de la sécurité, c’est tout le socle démocratique de la région qui vacille. « On assiste à un retour en arrière avec des chefs d’État qui s’arrogent des troisièmes ou quatrièmes mandats, des coups d’État à répétition, et des libertés fondamentales menacées. »

Autre défi majeur : la crise entre la CEDEAO et les pays de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger), qui ont tourné le dos à l’organisation régionale. Pour Ibrahima M’bemba BAH, « une réconciliation s’annonce difficile. Ces États ont pris une trajectoire politique et géostratégique différente, rompant avec les anciennes puissances coloniales et se tournant vers la Russie. »

Cependant, il plaide pour le maintien du dialogue. « Il ne faut jamais rompre le fil. Nous partageons les mêmes peuples, les mêmes espaces, les mêmes marchés. Une fragmentation plus profonde de la CEDEAO serait catastrophique pour l’économie et la stabilité de la région. »

Pour l’analyste, Madabio devra aussi miser sur des actions concrètes pour raviver le projet d’intégration ouest-africain. « Il faut renforcer la libre circulation des biens et des personnes, lutter contre les tracasseries douanières, et surtout, investir dans des infrastructures régionales : routes, transports aériens, communication. »

La CEDEAO dispose déjà d’un projet d’autoroute régionale entre Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou et Lagos. « Il faut aller plus loin. Une compagnie aérienne régionale, des connexions routières et numériques plus fluides peuvent réellement faire décoller nos économies. »

À l’heure où l’unité régionale est menacée, le président sierra-léonais aura la lourde tâche de recoller les morceaux d’une CEDEAO affaiblie, dans un contexte de tensions géopolitiques et de fragilités internes.

Pour réussir, conclut Ibrahima M’bemba BAH, « Madabio devra faire preuve de diplomatie, d’écoute et de courage politique. L’avenir de l’intégration ouest-africaine en dépend. »

Tenema doumbouya pour moyaguinee.com

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