À l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, célébrée ce 1er mai, Alseny Mabinty Camara, acteur majeur dans le processus d’intégration des enseignants contractuels guinéens à la fonction publique, s’est exprimé sur les progrès réalisés, les défis à relever, ainsi que l’importance de la reconnaissance envers les autorités de la transition. Il salue notamment les efforts consentis par les pouvoirs publics en faveur du secteur éducatif.
Dans cet entretien accordé à moyaguinée.com, il revient sur les acquis obtenus sous l’impulsion du CNRD, les perspectives pour les enseignants encore non intégrés, et la transformation de la coordination nationale des enseignants contractuels.
Moya Guinée : Monsieur Alseny Mabinty Camara, bonsoir. En ce 1er mai, fête internationale des travailleurs, quel message retenez-vous de cette journée ?
Alseny Mabinty Camara : C’est une journée symbolique pour les travailleuses et travailleurs du monde entier, et particulièrement pour ceux de Guinée. En tant qu’enseignant, je me réjouis de pouvoir célébrer cette journée avec mes collègues. C’est un moment de reconnaissance, de solidarité, et d’engagement renouvelé pour la défense des droits des travailleurs.
Moya Guinée : Vous avez été à la tête d’une structure ayant permis à plusieurs enseignants contractuels d’accéder à la fonction publique. Où en est ce processus aujourd’hui ?
Alseny Mabinty Camara : Le combat pour l’intégration des enseignants contractuels à la fonction publique a commencé en 2018. À partir du 5 septembre 2021, les nouvelles autorités se sont engagées à concrétiser cette revendication. Grâce à cet engagement, plus de 10 000 enseignants ont été recrutés et intégrés à la fonction publique le 16 septembre 2024. Ces enseignants ont perçu leurs premiers salaires et ont également bénéficié des rappels, comme promis par les autorités. Même ceux qui n’ont pas été retenus ont vu leurs efforts partiellement reconnus. C’est un grand soulagement, et nous exprimons notre reconnaissance au président de la République pour avoir tenu sa promesse.
Moya Guinée : Justement, qu’en est-il des enseignants contractuels qui n’ont pas été retenus lors du processus ? Leur situation est-elle définitivement scellée ?
Alseny Mabinty Camara : Non, ce n’est pas une page tournée. Le ministère de l’Enseignement préuniversitaire a exprimé un besoin de plus de 10 000 enseignants, mais au total, plus de 12 000 ont été mobilisés. Il y a encore un déficit dans le système éducatif, et de nombreux enseignants continuent de servir dans les écoles sans être intégrés. Nous lançons un appel aux autorités, notamment aux ministères de l’Enseignement préuniversitaire, de la Fonction publique et du Budget, afin qu’ils examinent à nouveau la situation de ces enseignants. Notre objectif est de voir tous ceux qui ont contribué à l’effort éducatif national bénéficier d’un statut stable et digne.
Moya Guinée : Après cette intégration, on vous a vu effectuer des tournées à l’intérieur du pays, en lien avec une nouvelle dynamique syndicale. De quoi s’agit-il concrètement ?
Alseny Mabinty Camara : Il ne s’agit pas d’un syndicat au sens classique. Nous avons transformé notre coordination nationale des enseignants contractuels en Union Populaire des Travailleurs de Guinée (UPTG). L’idée est de pérenniser notre mobilisation et de valoriser les acquis obtenus sous la transition. Nous avons installé des représentants dans toutes les préfectures, sous-préfectures et districts du pays. C’est une manière d’informer les populations et de porter haut les efforts du président de la République. Cette structure vise à maintenir l’élan de solidarité et de reconnaissance envers ceux qui ont permis cette avancée historique pour notre profession. Il est important de rester fidèle aux valeurs de gratitude et de justice sociale.
Moya Guinée : Monsieur Camara, un mot de conclusion ?
Alseny Mabinty Camara : Je remercie l’ensemble des enseignants et enseignantes de Guinée pour leur engagement et leur patience. Je souhaite à tous les travailleurs une excellente fête du 1er mai. Restons mobilisés pour l’amélioration continue de nos conditions de travail.
L’interview réalisée par Tenema Doumbouya
