Le marché de Kiroti, situé dans la commune de Lambanyi, est actuellement le théâtre d’un conflit entre les commerçants historiques et les autorités locales. L’opération de déguerpissement lancée par la délégation spéciale de Lambanyi engendre des tensions accrues, accompagnées d’accusations de corruption, de pratiques illicites, ainsi que de revendications légales de la part des occupants en règle, dont certains sont présents depuis plus de 15 ans.
Les commerçants du marché, installés depuis de nombreuses années, assurent être en conformité avec les lois et posséder des documents légaux validant leur droit d’occupation.
« Nous avons investi des sommes considérables pour construire nos boutiques et nous acquitter de nos taxes. Ce déguerpissement est une véritable injustice », déclare un représentant des occupants.
Les commerçants accusent la délégation spéciale de Lambanyi d’avoir signé un contrat avec un opérateur privé pour reconstruire le marché, excluant ainsi les occupants historiques, qui affirment pourtant être prêts à financer eux-mêmes le projet.
Les autorités locales justifient l’opération de déguerpissement par la nécessité de désencombrer et moderniser le marché, tout en menant une lutte contre le banditisme et des pratiques qu’elles qualifient de « mauvaises », notamment la prostitution et les activités illicites. Toutefois, les commerçants rejettent ces accusations, affirmant avoir toujours occupé légalement les lieux. Ils ont entrepris des démarches administratives pour empêcher les actions de la délégation spéciale, sans succès.
Concernant les familles vivant dans les espaces commerciaux, les commerçants affirment que ces installations ont été autorisées par l’administration du marché. Ils menacent même de porter plainte pour mauvaise gestion, soulignant les expulsions violentes des familles et la destruction des biens lors des opérations.
Bien que les commerçants n’aient rien contre la modernisation du marché, ils exigent plus de transparence dans le processus.
« Nous ne sommes pas contre la modernisation, mais elle doit respecter les règles d’attribution des marchés publics en Guinée. Pourquoi nous exclure alors que nous sommes prêts à financer le projet ? », s’interroge un occupant.
Les occupants déplorent ce qu’ils perçoivent comme une tentative des autorités locales de retirer le marché des mains des actuels exploitants pour le céder à un opérateur privé, sans tenir compte des sacrifices financiers consentis depuis des années.
« Nous demandons simplement que l’on prenne en compte notre situation. Si le marché doit être modernisé, qu’on nous en informe et qu’on nous laisse réaliser ce projet nous-mêmes », réclament les occupants.
Ce conflit met en lumière les tensions persistantes entre la volonté des autorités locales de réorganiser les espaces publics et les droits des commerçants qui exigent reconnaissance et justice. La situation reste tendue à Kiroti, et les commerçants préviennent qu’ils ne se contenteront pas de cette issue. Ils demandent une médiation rapide afin d’éviter des conséquences économiques et sociales graves pour les centaines de familles qui dépendent du marché pour leur subsistance.
Tenema Doumbouya pour moyaguinee.com