
Un corps sans vie a été découvert ce week-end dans la localité de Lainé, située dans la préfecture de Lola, en Guinée Forestière. Il s’agirait d’un bouvier d’origine Malien, retrouvé dans la brousse alors que les tensions entre éleveurs transhumants et populations locales s’intensifient dans plusieurs zones de la région.
Selon des témoignages recueillis sur place, cette découverte macabre survient après une série de violences visant des éleveurs étrangers accusés d’empiéter sur les terres agricoles. Ali Cissé, éleveur malien installé depuis 15 ans en Guinée, dénonce une vague d’attaques injustifiées à l’encontre de sa communauté.
« Je suis la deuxième personne la plus touchée par cette attaque. J’ai perdu 30 bœufs que j’avais envoyés ici. Depuis la décision du gouvernement concernant les éleveurs transhumants, les citoyens ne font plus de distinction. Pourtant, le président a précisé que seuls ceux installés depuis un à deux ans devaient quitter. Mais aujourd’hui, tout le monde est ciblé », a-t-il confié, inquiet pour sa sécurité et celle de ses bêtes.
D’après les éleveurs, plusieurs dizaines de têtes de bétail ont été abattues à Lainé et dans d’autres localités de la préfecture.
Interrogé par notre rédaction, le maire de la commune rurale de Lainé, Cèpe Edouard Kolomou, a confirmé la découverte du corps et évoqué l’ouverture d’une enquête judiciaire.
« Il est vrai qu’un corps a été retrouvé dans la brousse. Pour l’instant, nous ne connaissons ni l’identité de l’agresseur ni les circonstances exactes du décès. La gendarmerie s’est rendue sur les lieux et une enquête est en cours », a-t-il déclaré.
Concernant les accusations relatives aux bœufs tués, l’élu local précise que des vétérinaires ont effectivement constaté la présence de bêtes abattues dans plusieurs villages.
« Nous ne savons pas qui a commis ces actes. Il est important de rappeler que l’interdiction de la transhumance est en vigueur, mais elle doit être appliquée uniquement par les autorités. Les citoyens n’ont pas à se substituer à l’État », a-t-il ajouté, appelant au calme.
Le maire reconnaît toutefois un profond malaise entre les deux groupes : « Les populations locales se disent victimes des animaux qui détruisent leurs cultures. Elles veulent que les éleveurs quittent les lieux. Mais il est impératif de distinguer les éleveurs concernés par l’interdiction de ceux autorisés à rester, afin d’éviter des drames inutiles. »
Alors que la tension reste vive, les appels se multiplient pour une intervention rapide de l’État guinéen. La situation à Lola pourrait rapidement dégénérer si des mesures concrètes ne sont pas prises pour protéger à la fois les éleveurs établis légalement et les populations locales.
Tenema Doumbouya – Moyaguinee.com